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Perché au sommet du mont Murdjadjo à 400 mètres d'altitude, le Fort Santa Cruz constitue l'emblème d'Oran et offre une vue panoramique spectaculaire sur la baie d'Oran, la Méditerranée, la rade de Mers el-Kébir et les environs de la ville. Construit entre 1577 et 1604 par les Espagnols lors de leur occupation, ce fort impressionnant témoigne de l'importance stratégique d'Oran à travers les siècles. Son architecture militaire en pierres de taille extraites du massif du Murdjadjo se marie harmonieusement avec le paysage naturel. Le fort a survécu aux conflits qui ont opposé les Espagnols aux Ottomans, puis au bey Mohamed el-Kébir qui le détruisit partiellement en 1790, mettant fin à la présence espagnole. Restauré entre 1856 et 1860 par les Français, il est aujourd'hui classé monument historique. À ses pieds se trouve la Chapelle Santa Cruz, construite en 1850 pour commémorer le "miracle de la pluie" qui mit fin à l'épidémie de choléra de 1849. Cette chapelle blanche, également appelée Notre-Dame-du-Salut, domine fièrement la ville avec son dôme blanc éclatant contrastant avec le bleu profond de la mer.

Le Théâtre Régional d'Oran, majestueux joyau architectural trônant sur la célèbre Place du 1er Novembre, est l'un des plus beaux édifices culturels d'Afrique du Nord. Construit au début du XXe siècle par l'architecte ibérique Inez, cet ancien opéra de style baroque italien fut inauguré en décembre 1907 et témoigne de l'âge d'or architectural d'Oran. Le bâtiment, d'une superficie de 1791 m² répartis sur plusieurs étages, impressionne par son architecture raffinée qui évoque la splendeur des opéras italiens de la Renaissance. Sa façade monumentale est dominée par une statue géante représentant la déesse de l'Art tenant une cithare, accompagnée de deux muses donnant une profondeur remarquable à la perspective. L'intérieur du théâtre, avec ses coupoles en vitrail filtrant une lumière orangée, son escalier monumental en marbre, ses sièges en velours rouge et ses dorures, plonge les spectateurs dans une atmosphère féérique. Après l'indépendance, le théâtre fut nationalisé et rebaptisé en 1972 en hommage à Abdelkader Alloula, le célèbre dramaturge oranais assassiné en 1994. Avec une capacité de 600 places, ce lieu culturel vibre toujours au rythme des pièces de théâtre, spectacles de danse, concerts et galas, attirant plus de 80000 spectateurs annuellement.

La Cathédrale du Sacré-Cœur d'Oran, aujourd'hui bibliothèque communale, est un chef-d'œuvre architectural de style romano-byzantin qui domine le centre-ville. Édifiée entre 1903 et 1913 par l'architecte Albert Ballu, concepteur de nombreux monuments emblématiques d'Algérie, cette cathédrale fut construite grâce à la détermination de Monseigneur Cantel qui y consacra toute sa fortune. L'édifice, long de 77 mètres, large de 45 mètres et haut de 40 mètres, fut la première église construite en béton armé en territoire français, marquant ainsi une innovation technique majeure. Son architecture se distingue par un style romano-byzantin qui s'harmonise parfaitement avec le paysage urbain oranais. La façade principale, en haut d'un vaste escalier, est ornée d'un porche surmonté d'un fronton décoré de délicates mosaïques aux motifs bleus et blancs rehaussés d'or. Deux clochers carrés en briques surmontés de croix de pierre encadrent la façade. À l'intérieur, trois coupoles précèdent le chœur dominé par un grand dôme. La crypte, achevée en 1906, abrite aujourd'hui une médiathèque où se déroulent expositions et activités culturelles. Le grand orgue Cavaillé-Coll-Mutin, inauguré en 1918, témoigne de la richesse patrimoniale de l'édifice. Transformée en bibliothèque régionale en 1984 puis communale en 1996, la cathédrale conserve une partie de son mobilier d'époque et reste un monument historique majeur d'Oran.

Le Musée National Ahmed Zabana, fleuron culturel d'Oran, abrite dans un superbe bâtiment Art Déco de 1935 l'une des plus riches collections d'Algérie. Fondé en 1882 par Louis Demaëght, archéologue et épigraphiste, le musée a d'abord rassemblé des collections de numismatique, d'antiquités romaines et d'histoire naturelle, dont les célèbres mosaïques romaines de Portus Magnus provenant du site du Vieil Arzew à Bethioua. Le bâtiment actuel, inauguré le 11 novembre 1935 pour célébrer le centenaire de la présence française, a été conçu comme un véritable palais des beaux-arts. Après l'indépendance, le musée fut rebaptisé en 1986 en hommage à Ahmed Zabana, premier guillotiné de la guerre de libération. Les collections, réparties sur plusieurs étages, comptent plus de 5000 œuvres couvrant sept sections principales : la préhistoire avec des vestiges découverts dans tout le Maghreb, l'antiquité romaine avec d'impressionnantes mosaïques et pièces de monnaie, l'ethnographie maghrébine et étrangère, l'archéologie islamique, l'histoire du vieil Oran, la faune et la flore nord-africaines, ainsi qu'une remarquable collection de beaux-arts. Cette dernière section regroupe 718 œuvres de peinture et sculpture d'artistes algériens et étrangers des XVIe au XXe siècles, incluant des peintres célèbres de l'École d'Alger et des orientalistes européens. Le musée présente également des expositions temporaires enrichissant régulièrement sa programmation culturelle.

Le Front de Mer d'Oran, véritable emblème de la ville, est une somptueuse promenade maritime de 2 kilomètres qui longe majestueusement le centre historique d'Est en Ouest. Cette artère légendaire, officiellement nommée Boulevard de l'ALN, relie le rond-point Zabana à la muraille du Palais du Bey et domine le port de 40 mètres de hauteur, offrant des vues panoramiques spectaculaires sur la Méditerranée, le mont Murdjadjo avec le Fort Santa Cruz et l'intense activité portuaire. L'histoire de sa construction remonte à 1891 quand l'ingénieur et maire Émile Cayla imagina un grand balcon urbain inspiré de la Promenade des Anglais de Nice. Cependant, le projet ambitieux de 2650 mètres fut jugé trop coûteux. C'est finalement l'abbé Lambert, 33e maire d'Oran, qui entreprit sa construction dans les années 1940, achevée en plusieurs phases jusqu'en 1957. La réalisation nécessita des travaux titanesques : comblement de ravins, construction de viaducs aux fondations profondes, et mobilisation de 40000 m³ de déblais, 6000 m³ de béton armé et 550 tonnes d'acier. Bordé de palmiers et de ficus majestueux, agrémenté de squares, de balustrades décoratives en fonte et d'un éclairage intensif la nuit, le Front de Mer est devenu le lieu de promenade privilégié des Oranais et des visiteurs. Les soirs d'été, ce boulevard vibre d'une animation exceptionnelle avec ses crèmeries légendaires, ses glaciers réputés comme Nacim et ses espaces de flânerie où se mêlent habitants et touristes venus du monde entier.

La Gare Ferroviaire d'Oran est un magnifique joyau architectural de style néo-mauresque qui constitue l'une des plus belles gares du Maghreb. Conçue par l'architecte Albert Ballu et construite par l'entreprise des frères Perret entre 1908 et 1913, elle remplace l'ancienne gare de 1868 devenue insuffisante face à l'essor d'Oran comme nœud ferroviaire de l'Ouest algérien. Cette gare remarquable incarne parfaitement le style Jonnart, du nom du gouverneur Charles Célestin Jonnart qui souhaitait développer une architecture adaptée à la région en rupture avec le style haussmannien. L'édifice se distingue par son architecture œcuménique unique qui symbolise les trois religions du Livre : son aspect extérieur rappelle une mosquée avec son horloge-minaret, les grilles des portes et fenêtres ainsi que le plafond de la coupole hexagonale portent l'étoile de David, tandis que les peintures intérieures des plafonds affichent des croix chrétiennes. Cette synthèse architecturale témoigne de la volonté de représenter la diversité religieuse d'Oran à l'époque. L'intérieur de la gare impressionne par sa rotonde ornée de stucs raffinés et de mosaïques détaillées, dont certaines forment des étoiles de David. Les armoiries de la Compagnie PLM (Paris-Lyon-Marseille) sont incrustées dans chaque coin du plafond aux côtés de celles d'Oran. Restaurée récemment, la gare a retrouvé son cachet authentique mêlant histoire et modernité tout en conservant son utilité comme terminus de la ligne Alger-Oran et point de départ vers Arzew, Béchar, Tlemcen et Maghnia.

La Place du 1er Novembre, anciennement Place d'Armes, constitue le cœur historique et administratif d'Oran. Cette vaste place centrale, bordée de ficus majestueux et de palmiers, était à l'origine destinée aux démonstrations militaires hors les murs de la vieille ville. Réplique de la Place du Théâtre national d'Alger, elle s'est transformée au fil du temps en centre névralgique de la vie urbaine oranaise. Au centre de la place trône une stèle à l'effigie de l'émir Abdelkader, surmontée d'une Victoire ailée sculptée par Aimé-Jules Dalou. Ce monument, initialement érigé pour célébrer la mémoire des soldats français tombés lors de la bataille de Sidi-Brahim en 1845 contre les troupes de l'émir Abdelkader, a vu son bas-relief de l'émir ajouté après l'indépendance, transformant ainsi un monument colonial en symbole de résistance nationale. La place est entourée de trois édifices monumentaux qui composent un ensemble architectural exceptionnel. Au sud se dresse l'imposant Hôtel de Ville, aujourd'hui siège de l'APC, construit entre 1882 et 1886, dont la façade est marquée par un escalier monumental gardé par deux lions de bronze sculptés par Auguste Caïn, élève de Rodin. Ces lions légendaires ont inspiré Albert Camus dans "Le Minotaure ou la halte d'Oran". À l'ouest de la place s'élève le magnifique Théâtre Régional d'Oran de style italien, inauguré en 1907. L'ensemble crée une harmonie architecturale remarquable qui fait de cette place un incontournable pour tout visiteur d'Oran.

La Mosquée Abdelhamid Ben Badis, également connue sous le nom de Pacha Mosquée ou Mosquée du Pacha, est l'un des édifices religieux les plus importants et les plus anciens d'Oran. Construite en 1796 sous le règne du bey Mohamed el-Kébir et sur l'ordre de Sidi Baba Hassan, pacha d'Alger, cette mosquée chargée d'histoire et de mystère témoigne de la période ottomane de la ville. Son nom actuel provient d'une légende fascinante : elle aurait été baptisée en l'honneur d'une personne juive convertie à l'islam depuis plusieurs siècles. Durant l'occupation française, la mosquée fut occupée par des détachements des troupes françaises lors de l'invasion de 1830, avant d'être rendue aux musulmans en 1833 et restaurée sur ordre de Napoléon III. Plus tard, en 2007, le gouvernement des États-Unis contribua à sa préservation avec un don de 5000 dollars et l'envoi de spécialistes en restauration et sismologie pour une rénovation complète. L'édifice se distingue par sa belle architecture ottomane ornée d'une très jolie fontaine qui ajoute au charme du lieu. Située sur le boulevard Maata Mohamed El Habib, artère très fréquentée entre le centre-ville et Mdina Jedida (la nouvelle ville), la mosquée est entourée d'un quartier vivant où se trouvent des centaines de magasins vendant tissus, vaisselle, vêtements, tapis et épices, formant un véritable grand souk populaire. Le gardien des lieux accueille volontiers les visiteurs pour partager l'histoire de cette mosquée emblématique et du Palais du Bey situé non loin.

Le Palais du Bey, également connu sous le nom de Qasr el-Bey, est un monument historique emblématique d'Oran qui témoigne de la période ottomane et du beylik de l'Ouest algérien. Cet ancien palais du bey, gouverneur ottoman de la région occidentale de l'Algérie, fut le siège du pouvoir et la résidence des gouverneurs successifs. L'édifice se trouve à proximité immédiate de la Mosquée du Pacha et du quartier historique de Sidi El Houari, formant un ensemble patrimonial remarquable. L'architecture du palais mêle influences ottomanes et mauresques avec ses cours intérieures, ses arcs et ses décorations traditionnelles. Au fil des siècles, le palais a connu différentes fonctions et transformations. Durant la période coloniale française, l'enceinte du palais a accueilli notamment l'Hôtel Château Neuf, un grand bâtiment de 18 étages construit dans les fortifications historiques. Aujourd'hui, le site demeure un lieu chargé d'histoire empli de charme, bien que nécessitant restauration et préservation. Comme l'a souligné une visiteuse en août 2019, le palais et son quartier environnant possèdent un patrimoine architectural exceptionnel qui mérite d'être mis en valeur. La muraille de la forteresse du Palais du Bey marque également l'extrémité ouest du célèbre Front de Mer, faisant le lien entre l'histoire ottomane et la modernité urbaine d'Oran.