Dans un décret très trumpien, Christian Estrosi (maire de Nice) bannit les croisiéristes !
Le maire de Nice, Christian Estrosi, a publié un arrêté municipal vendredi 24 janvier visant à limiter l'afflux de touristes en nombre dans la cité azuréenne.
"La navigation de plaisance, oui, les bâtiments flottants, non", a déclaré Estrosi.
Cette mesure vise donc en particulier les paquebots d'une longueur supérieure à 190 mètres et d'une capacité de plus de 900 passagers, limitant ainsi les excursions et visites des croisiéristes débarquant dans la ville durant la haute saison estivale en Méditerranée. Dans cette gamme de bateaux, seules les compagnies proposant des prestations de luxe garderont ainsi le port dans leur itinéraire méditerranéen.
Selon les projections du maire, sans cet arrêté, la ville devrait atteindre les 300 000 voyageurs en escale à Nice contre 160 000 en 2024. La municipalité a pour objectif de réduire ce nombre de 70 %.
Celebrity Cruise risque de revoir ses plans, puisque son navire, le Celebrity Ascent de la classe Edge, accoste dans le port de Villefranche-sur-Mer situé à l'est de la ville. Ce mastodonte des mers, avec une longueur de 327 m et ses 3950 passagers, est particulièrement visé par cette mesure. D’ailleurs, le maire de Villefrance .
Cela s'apparente à une mesure purement électorale, d'une part avec des arguments écologistes, pour réduire l'impact environnemental, et d'autre part des arguments économiques visant à minimiser l'impact économique des croisiéristes.
Pourtant, dans les faits, ses objections écologistes ou économiques sont facilement contredites par les études et les faits.
Ce n'est pas forcément une mesure écologique, puisque le port a prévu d'équiper ses quais d'installations électriques, réduisant ainsi considérablement l'empreinte carbone des navires à l'arrêt. Mais une volonté de préserver la ville du surtourisme. Il faudrait également être cohérent dans ces choix politiques en signant également un décret pour stopper l’extension de l’aéroport de Nice ! Pour rappel, une extension de cet aéroport dont les pistes se situent sur le littoral niçois provoquerait pas moins de 28 000 vols supplémentaires par an et 380 000 tonnes de CO2 en plus dans l'air niçois, sans parler de l'accroissement des puissances sonores de jour comme de nuit ! Cela ressemble en fait à un contre-feu, puisque la municipalité est en difficulté dans ce dossier.
Si le maire se base sur l'étude de Bergen, en Norvège, selon laquelle 40 % des passagers ne débarqueraient jamais de leur bateau et la dépense moyenne de ceux qui débarquent dans la ville serait inférieure à 23 €.
Pourtant, une étude récente réalisée dans le port de Marseille démontre au contraire que le tourisme des croisières apporte un boost de croissance économique à la ville. Pour rappel, les résultats de cette étude démontrent que :
- Les passagers ayant débarqué dans la cité phocéenne ont dépensé en moyenne 57 €.
- Plus de 45 % du chiffre d'affaire des commerçants locauxprovient de ces passagers en transit.
Dans tous les cas, si vous avez prévu une escale à Nice cet été, il vous faudra certainement revoir vos plans, car la date d’application de ce décret est prévue au 1ᵉʳ juillet prochain. À moins que d’ici là, le maire de Villefranche, Christophe Trojani, et les compagnies aient décidé de faire entendre leur voix !